JAPAN: Nuclear industry entrepreneur seeks massive damages from freelancer
Reporters Without Borders deplores nuclear industry entrepreneur Shiro Shirakawa’s use of the courts to hound freelance journalist Minoru Tanaka for his article investigating collusion between Shirakawa, politicians, nuclear plant construction companies and TEPCO, the company that owns the ill-fated Fukushima-Daiichi plant.
Shirakawa, who now heads the nuclear power safety company New Tech, is demanding 670 million yen (670,000 euros) from Tanaka for calling him a “nuclear (industry) fixer” in an article he wrote for the weekly Shukan Kinyobilast December.
The sum includes libel damages, legal fees and the cost of publishing a correction in all the major newspapers. The case was heard by a Tokyo district court yesterday after an initial hearing in May. The next hearing is scheduled for 7 August.
“It is not our job to decide whether Tanaka defamed Shirakawa, but we are dismayed by the journalist’s current legal plight,” Reporters Without Borders said. “The disproportionate amount of damages being demanded and the obviously unequal financial strength of the two parties involved in this legal battle require an appropriate response from the court.
“If Shirakawa wanted to rebut Tanaka’s allegations, all he had to do was insist on his right to have his response published by Shukan Kinyobi. What we are witnessing now can only be described as a reprisal against this journalist and an act designed to deter all other journalists from reporting anything alone the same lines.
“We urge the court to throw this case out at once. Even if the court ends up ruling in Tanaka’s favour, the threat of bankruptcy will have taken a major toll on him. Any prolongation of this case will just increase its impact on journalists in terms of self-censorship. They already think twice before covering anything to do with Fukushima or trying to break through the lack of transparency surrounding TEPCO and the nuclear power industry in general.”
Tanaka’s description of Shirakawa’s alleged role as an intermediary between TEPCO, nuclear power plant construction companies, leading politicians such as Shizuka Kamei and even representatives of undergrounds organisations was based on public information (press articles, research documents from civic groups, etc).
The reporter also revealed that money had "channelled through" his nuclear power safety company, and studied the links between Shiro Shirakawa and certain key executives of nuclear industry, TEPCO former president, Hiroshi Araki and the Rokkasho Reprocessing Plant.
Prior to the initial hearing, Tanaka, 52, received a letter from Shirakawa warning him that he would be ruined financially if the court ruled against him.
Tanaka has described the case as an example of what is known as a “SLAPP” (Strategic Lawsuit Against Public Participation) – a lawsuit designed to use the threat of mounting legal costs and ruinous damages to intimidate and silence the target, often an isolated journalist or small NGO. The aim is often not to win the case but just to silence critics and to deter others from coming to their support and repeating the criticism.
“It is obvious that this trial is a nuclear SLAPP from a person who has huge advantages as the head of an enterprise working for the nuclear industry and who is against an individual journalist,” Tanaka said.
Tanaka criticized the lawsuit at yesterday’s hearing and afterwards told Reporters Without Borders: “If I lose this fight, it will mean that no other journalist will later be able to write anything about the danger of the reopening nuclear reactor. (...) So this trial is very important for the future of all journalists.”
He also announced his intention of use the case as a weapon in the fight against censorship, together with Yu Terasawa and Hiro Ugaya, two other freelance journalists who have been targets of defamation suits.
This is not the first time that Shirakawa has bought lawsuits over this kind of story. He has brought SLAPPs against at least four media in the past three years including the Gekkan FACTA (Monthly FACTA), the Chuo Journaland the Tokyo OutLaws. Most of them gave into the pressure, settled out of court and did not talk publicly about the cases.
The Tanaka lawsuit is the first case of a SLAPP in the nuclear sector since the March 2011 Fukushima Daiichi nuclear disaster, and the first case in which the target has been an individual freelancer.
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JAPON
Fukushima : acharnement judiciaire contre un journaliste freelance
Reporters sans frontières condamne fermement le harcèlement judiciaire dont est victime, depuis mai 2012, le journaliste freelance Minoru Tanaka, accusé de diffamation par le président d’une entreprise de systèmes de sécurité pour centrale nucléaire, suite à ses enquêtes sur les coulisses de la gestion de l’incident nucléaire à la centrale de Fukushima-Daiichi, survenu en mars 2011. La deuxième audience de son procès s’est tenue, le 9 juillet 2012, devant la Cour du district de Tokyo.
“S’il ne nous appartient pas de dire si les propos de Minoru Tanaka constituent un cas de diffamation, nous sommes toutefois consternés par la situation judiciaire dans laquelle le journaliste se trouve. Le montant disproportionné des dommages et intérêts requis contre le journaliste et le déséquilibre évident des forces en présence, appellent à un minimum de bon sens de la part de la Cour du district de Tokyo. Si M. Shiro Shirakawa souhaitait réfuter les allégations faites à son égard, il lui suffisait de demander un droit de réponse au Shukan Kinyobi. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, ne peut être qualifié autrement que de ‘représailles’ à l’encontre d’un journaliste, et surtout de ‘manœuvre de dissuasion’ à l’encontre de toute la profession”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Nous demandons à la Cour du district de Tokyo de rejeter la plainte et de classer l’affaire au plus vite. Même avec un verdict en sa faveur, la Cour ne pourra prétendre avoir donné gain de cause au journaliste car la procédure judiciaire elle-même constitue un préjudice significatif pour Minoru Tanaka, épuisé et menacé d’asphyxie financière. Toute prolongation de l’affaire augmentera l’impact, déjà significatif, en terme d’autocensure, pour les professionnels des médias. Ces derniers hésitent déjà fortement avant de décider de traiter un sujet relatif à l’incident de Fukushima ou de tenter de briser l’opacité autour de TEPCO et de l’industrie nucléaire en général”, a ajouté l’organisation.
Le journaliste freelance Minoru Tanaka, 52 ans, est poursuivi en justice pour diffamation par Shiro Shirakawa, président de “New Tech”, une entreprise de systèmes de sécurité pour centrale nucléaire, suite à la parution d’un article, le 16 décembre 2011 dans l’hebdomadaire Shukan Kinyobi, titré “Le dernier grand fixeur : M Shiro Shirakawa - il prend sa part du gâteau nucléaire de TEPCO”.
Dans les deux pages de l’article, le journaliste dévoile, sur la base d’informations publiques (articles de presse, rapports de groupes citoyens, etc), le rôle d’”intermédiaire” joué par Shiro Shirakawa entre la compagnie nucléaire, des entreprises du bâtiment, des représentants du gouvernement (parmi lesquels des célèbres législateurs comme Shizuka Kamei) et des organisations clandestines.
Le journaliste a également révélé que de l’argent avait "transité" par sa compagnie de systèmes de sécurité pour centrale nucléaire “New Tech”, qu’il préside, et étudié les liens de Shiro Shirakawa avec certains cadres importants de l’industrie nucléaire, l’ancien président de TEPCO, Hiroshi Araki et avec l’usine de retraitement des déchets nucléaires de Rokkasho.
En cas de défaite devant la justice, le journaliste devra payer 67 millions de yen (environ 670 000 euro) au plaignant, pour l’avoir “déshonoré” en le décrivant comme un “fixeur du nucléaire”. Le 9 juillet 2012, la deuxième audience du procès s’est tenue devant la Cour du district de Tokyo. La première audience avait eu lieu le 7 mai dernier ; la prochaine est prévue pour le 7 août.
Avant même le début du procès, Minoru Tanaka avait reçu une lettre d’avertissement de la part de Shiro Shirakawa, attirant délibérément son attention sur son insolvabilité dans le cas où il serait jugé coupable de diffamation. D’après Minoru Tanaka, le procès intenté contre lui est l’exemple type de ce qu’on appelle communément une “SLAPP”, “Strategic Lawsuit Against Public Participation” (“Poursuite stratégique contre la mobilisation publique” ou “Poursuite-bâillon”), “de la part d’une personne qui possède de nombreux avantages, en tant qu’entreprise travaillant pour l’industrie nucléaire, et qui s’oppose à un journaliste isolé...”.
Durant l’audience du 9 juillet, Minoru Tanaka a dénoncé la procédure à son encontre. Après l’audience, il a déclaré à Reporters sans frontières : “Si je perds ce procès, cela voudra dire qu’aucun journaliste ne pourra plus écrire sur les dangers de la réouverture du réacteur nucléaire (...) Ce procès est donc très important pour le futur du journalisme”
Il a également annoncé son intention de faire de ce procès, avec l’aide d’autres journalistes freelance, comme Yu Terasawa et Hiro Ugaya, une arme de lutte contre l’imposition de la censure. Tous deux ont également été victimes de poursuites judiciaires pour leur activité journalistique.
Le terme de “SLAPP” désigne des poursuites en justice intentées contre un individu isolé ou un organisme de petite taille, dans le but de le réduire au silence en l’intimidant et en l’épuisant financièrement avec des longues procédures judiciaires et des menaces d’amendes démesurées. Les plaignants n’ont généralement pas pour finalité de gagner le procès, mais d’entraver toute action de la défense qui pourrait entraîner une mobilisation publique ou susciter le soutien d’autres activistes et journalistes.
Ce n’est pas la première fois que Shiro Shirakawa s’en prend aux journalistes qui enquêtent sur sa relation avec TEPCO. Au cours des trois dernières années, il a intenté des SLAPP contre au moins quatre médias : leMonthly FACTA, le 6 octobre 2010, le Chuo Journal et le Tokyo Out-Laws. La majorité d’entre eux, épuisés par les procédures judiciaires et les menaces financières disproportionnées, ont finalement dû accepter une solution à l’amiable, et s’abstenir de rendre public les poursuites dont ils ont fait l’objet.
La plainte contre Minoru Tanaka est le premier cas de SLAPP intenté par un individu lié à l’industrie nucléaire, dominée par TEPCO, depuis l’incident du 11 mars 2011, à Fukushima.
Benjamin Ismaïl
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